Le réveil
Il y a vingt ans, la
grande voix du Vatican rendait hommage au vaillant défenseur de
l'Église que fut Mgr Jouin, P.A., curé de Saint-Augustin, à Paris,
et fondateur de la Revue internationale des Sociétés secrètes
(1844-1932). En même temps, elle rappelait que l'antagonisme radical
qui sépare l'Église de la Franc-Maçonnerie, et qui avait été
établi déjà par Léon XIII dans l'encyclique Humanum genus
(1884).
La
Franc-Maçonnerie est l'ennemie de l'Église catholique, comme sa
complice la Juiverie est l'ennemie du Christ Jésus. Voilà bien la
Bête de l'Apocalypse, que l'apôtre saint Jean voyait à
l'avance s’attaquant à la Femme mystérieuse qui symbolisait
l'Église du Christ.
N.B. - Par Juiverie, nous
n'entendons pas toute la nation juive, mais seulement les juifs
ennemis du Christ, successeur des Scribes et des Pharisiens de
l'Évangile.
Les documents dont nous
venons de parler prennent une valeur d'actualité considérable, en
ce moment où la Franc-Maçonnerie est enfin reconnue comme la
Grande
Ennemie, dans les pays d'Europe qui se sont donné un
gouvernement franchement catholique, soit le Portugal, l'Espagne, la
France, et, jusqu'à un certain point, l'Italie.
Aux dernières
décades, les luttes des catholiques de France contre la secte
anticatholique eurent des échos au Canada français. Nos militants
de documentaient dans les livres, les revues, les journaux de la mère
patrie, pour combattre l'infiltration maçonnique dans notre
province. Cependant, depuis quelques années, on n'a guère écrit ou
parlé de la secte, autour de nous; la pieuvre en a profité pour
étendre ses tentacules, augmenter son influence, continuer de plus
belle son action subversive.
Sur le plan catholique, voilà bien
la cinquième colonne qu'il est urgent de dépister et de
dénoncer avec le plus de vigueur, parce qu'elle constitue notre plus
redoutable ennemi. Dans nos journaux catholiques, des voix autorisées
viennent de sonner le réveil [1]. Il faut
maintenant lancer partout le mot d'ordre: « A bas la
Franc-Maçonnerie ! Écrasons la secte infâme ! » comme le faisait,
en 1920, la jeunesse catholique qui a commencé la libération du
Portugal. Car le temps est favorable, et la menace imminente.
Le
temps est favorable... Traquée dans plusieurs pays catholiques (la
F.M. a été interdite en Italie en 1924, au Portugal en 1935, en
Espagne en mars 1940), la Bête maçonnique se voit démasquée et
poursuivie en France, où elle se croyait pourtant solidement
installée depuis la Révolution. Il faut le crier sur les toits:
c'est la Franc-Maçonnerie qui a fait le malheur de la France, cancer
qui l'a rongée à tous les points névralgiques: religion, mœurs,
famille, société, école, gouvernement, politique étrangère,
défense militaire. Si elle n'est pas la seule coupable, la Bête
infernale est certes la grande coupable [2].
La
menace est imminente chez nous... Déjà puissante dans les milieux
anglo-saxons qui nous environnent, la secte maçonnique a grandi et
pris de la force dans notre province, grâce au silence dont elle
s'est enveloppée depuis une vingtaine d'années. Et voici qu'elle va
grossier ses effectifs, des maçons militants qui nous arrivent des
pays latins et surtout de la France et de la Belgique, d'où ils ont
fui lâchement, embusqués de la guerre ou menacés de la vindicte
publique. Après le Mexique, l'Espagne, la France, notre peuple
canadien-français est la victime toute désignée, naïve et douce
comme un agneau, pour la rage anticatholique de la Bête maçonnique.
Le vénérable d'une des principales Loges de la province déclarait
dernièrement que le « règne des curés » allait prochainement
prendre fin au Canada... À nous de le faire mentir.
Chez nous, la
secte accroît sa puissance de nos divisions politiques, de nos
lâchetés devant les puissances d'argent, de nos mœurs
paganisantes, de notre esprit chrétien défaitiste, de l'ignorance
religieuse des masses populaires.
La secte profite aussi de notre
naïveté. Récemment, nos journaux ont rapporté une statistique
tirée Pays de maçonnique mémoire, se moque et prend la
défense de l’œuvre maçonnique en France. De l'autre côté de la
barricade, un journaliste catholique écrit: « Nous n'avons
nullement l'intention de voir des francs-maçons partout, de souffler
le péril maçonnique. Nous n'ajoutons même pas foi à The
Cabletow, cet organe des loges qui, en 1934, attribuait à la
seule province de Québec, 15,243 francs-maçons distribués en 93
loges. »
Un journal français de Montréal, digne successeur
défunt d'un organe officiel de la F.M.: 15,000 franc-maçons, 93
loges, dans notre catholique province de Québec ! Quelle fut la
réaction ?
Cette attitude sceptique est-elle prudente ? Il est bien
permis d'en douter. Les francs-maçons, qui comptent sur le secret
pour garder leur impunité et intensifier leur action subversive, ont
dû applaudir à ce geste rassurant, propre à endormir les
catholiques.
Nous croyons qu'il faut, sur une si grave question,
se garder d'être trop crédule, mais aussi d'être trop incrédule.
Dans le premier cas, on exagère le péril et l'on y perd son
autorité (ce qui est encore un moindre mal); dans le second cas, on
fait plaisir aux bonnes gens qui n'aiment pas qu'on dérange leur
sommeil, mais on laisse le champ libre à l'ennemi (ce qui est, à
notre avis, le plus grand mal). Quand la bergerie est attaquée par
une troupe de loups, on ne doit pas d'arrêter à vérifier leur
nombre; il faut crier simplement: « Au loup ! » [3]
N'est-ce
pas pour avoir dormi dans une trop douce quiétude, et pour n'avoir
pas pris au sérieux les avertissements de Mgr Jouin et de ses
collaborateurs, que les catholiques de France ont subi si longtemps
l'asservissement et la persécution de la Franc-Maçonnerie, et
qu'ils ont laissé leur pays tomber dans l'état d'humiliation et de
désorganisation où nous le voyons gisant, en cette heure tragique
?
Sachons au moins comprendre la leçon des événements, et ne
ralentissons pas notre vigilance. Travaillons à démasquer et à
paralyser nos ennemis maçons, comme nous l'avons fait pour nous
ennemis communistes, sans trop craindre d'en grossir le péril.
Mais
comment expliquer le chiffre relativement élevé des maçons et des
loges dans notre province ? Les milieux anglo-protestants doivent en
former un gros contingent, soit dans les Cantons de l'Est, soit dans
nos grandes villes industrielles. Il reste évident, tout de même,
que la Franc-Maçonnerie a gagné du terrain parmi nos
compatriotes.
Nous arrivons ainsi à la question fondamentale:
comment nos Canadiens-français peuvent-ils se laisser entraîner
dans la secte maçonnique ? Quelques-uns par impiété et
anticléricalisme, mais c'est encore la rare exception. La plupart
pour des avantages matériels: succès dans les affaires, influence
et faveurs dans les relations sociales, et surtout protection
mutuelle et promotion dans les emplois. Dans tous les pays (ce fut le
cas notamment en France et en Espagne), quand elle est assez forte,
la Franc-Maçonnerie emploie ce moyen de recrutement déloyal: pour
obtenir un avancement dans l'armée, dans le fonctionnarisme d'État,
dans les différentes sociétés où elle est influente, il faut
donner son adhésion à la Franc-Maçonnerie [4].
Chez nous, il paraît avéré
qu'un Canadien-français ne peut, sans devenir franc-maçon, monter à
un
poste élevé dans certaines sociétés d'assurances, dans
certaines compagnies industrielles, dans l'administration de certains
services publics, etc. Il faut dénoncer la lâcheté d'un tel
procédé, qui oblige un homme, pour gagner sa vie, à renier sa foi,
à vendre son âme, à devenir un adepte de l'Église de Satan.
Si
l'on présentait sous un jour aussi odieux l'adhésion à la
Franc-Maçonnerie, nul dote que nos compatriotes résisteraient à ce
pacte infâme; bien peu ont l'âme assez vénale pour descendre aussi
bas. Mais la consigne, notons-le bien, est de leur présenter la
Franc-Maçonnerie comme une
société de bienfaisance, de
fraternité, de protection mutuelle, tout à fait
inoffensive,
au moins en pays anglais.
Pour combattre la secte, il est
très important de réfuter par des faits précis ces allégations
hypocrites. Nous tâcherons de le faire au chapitre suivant.
Société
bienfaisante ou malfaisante ?
Les propagandistes de la
Franc-Maçonnerie trompent les gens en leur présentant la secte
comme une société de bienfaisance, où l'on s'appelle frères
.'. , qui assure une protection mutuelle, et qui est tout à fait
inoffensive en pays anglais. Les crises d'anticléricalisme
attribuées à la maçonnerie française seraient le fait de quelques
partisans trop zélés et d'ailleurs provoqués par le clergé.
-
Voyez tel monsieur influent qui est franc-maçon. Il n'est pas
méchant pour un sou; courtois, serviable à tous et envers le clergé
à l'occasion, il fréquente l'église, il est généreux pour les
bonnes œuvres; c'est un philanthrope... La Franc-Maçonnerie n'est
donc pas ennemie de l'Église et de la religion, comme le disent les
curés. Liberté, égalité, fraternité, voilà
bien la belle devise qu'elle a suggérée à la République
française, et qu'elle pratique elle-même, pour le plus grand bien
de l'humanité. [5]
- Le catholique moyen, peu
renseigné, se trouve désarmé devant un tel amas de sophismes. Il
fut lui apprendre a les réfuter, et fournir des armes
antimaçonniques à nos militants. Essayons un peu.
La courtoisie,
la philanthropie (charité laïcisée) et même quelques pratiques
religieuses, tout cela, chez un franc-maçon, ne prouve rien en
faveur de la secte. Ce peut fort bien être une façade hypocrite,
dont on reçoit la consigne dans les Loges: tactique de la cinquième
colonne.
Toutefois, il arrive que certains maçons subalternes
soient sincères dans leurs bonnes dispositions envers l'Église et
la religion, et qu'ils aient adhéré à la secte comme à une
société de bienfaisance, ou qu'ils y aient été admis à titre
purement honorifique. Si quelques maçons sont ainsi inoffensifs, il
demeure que la secte elle-même est essentiellement malfaisante. Et
l'ignorance ou l'aveuglement des
bonnes poires maçonniques
tombera bientôt pour peu qu'ils étudient les agissements de leurs
chefs, les directives qu'ils reçoivent des
degrés
supérieurs, et surtout les œuvres néfastes accomplies par la
Franc-Maçonnerie sur le plan politique et international.
EN
PAYS ANGLAIS. - Faut-il croire à cette légende d'une Maçonnerie
inoffensive en pays anglais
[6] ?
Il faut
admettre que la secte y paraît moins agressive, sans doute parce
qu'elle s'accommode bien du protestantisme, religion de la majorité
en ces pays, et qui laisse le champ libre aux activités maçonniques.
Pourquoi, d'ailleurs, Satan combattrait-il les hérésies qu'il a
lui-même suscitées pour affaiblir l'Église du Christ ? Il
concentre ses troupes d'élite, ses troupes maçonniques contre
l'Église catholique romaine et contre les nations en majorité
catholiques. Cette constatation n'est guère rassurante pour notre
catholique province de Québec, qui pourrait bien devenir la
principale cible des attaques de la secte, en Amérique du
Nord.
D'ailleurs, cette innocuité en pays anglais n'est qu'un trompe-l’œil. Lisons ces graves paroles du Concile Plénier de
Québec: « Il faut se garder de l'erreur de ceux qui prétendent que
dans notre pays, le caractère de la Maçonnerie n'est pas le même
que dans les autres parties du monde. Que les pasteurs d'âmes et les
autres prêtres réfutent avec soin comme une très pernicieuse
erreur cette affirmation mensongère et fallacieuse, et qu'ils
apprennent aux fidèles que le but et le caractère de cette société
sont les mêmes partout, bien qu'elle s'efforce de parvenir à sa
commune fin, non pas les mêmes moyens, mais pas des méthodes
différentes appropriées aux tempéraments variées des peuples et
aux diverses circonstances de lieux. » (Décret 355, b.)
Nous
lisons dans un article documentaire des Nouvelles religieuses
de France, reproduit dans la Semaine religieuse de Québec, le
3 février 1927 (p. 366): « Il y a un fait que les chiffres font
éclater aux yeux, c'est la prépondérance de l'élément
anglo-saxon dans les cadres de la Franc-Maçonnerie: en Europe, 5,536
loges et 351,320 maçons dans le Royaume-Uni; hors d'Europe, 17,008
loges et 3,001,100 maçons dans l'Amérique du Nord. Les Anglo-Saxons
représentent ainsi 95% de la Maçonnerie universelle, c'est-à-dire
qu'ils y sont les maîtres. »
Or, s'il est admis que la
Franc-Maçonnerie dans son ensemble est, par sa doctrine et par ses
activités, une secte subversive et ennemie de l'Église catholique,
l'influence prépondérante des Anglo-Saxons y est sans doute pour
quelque chose; et les pays anglais ne sont donc pas à l'abri de
cette influence maçonnique néfaste.
Voici maintenant une série
de faits qui serviront à démontrer que l'influence maçonnique
s'exerce bien dans le sens anticatholique, dans les pays de race
latine.
AU CANADA. - Qui a inspiré les accès de haine des
Loges orangistes, au parlement d'Ottawa, dans
papiste ?
l'Ontario et dans
l'Ouest canadien, contre tout ce qui est français, catholique,
Qui a conduit la lutte contre les écoles
confessionnelles dans les provinces canadiennes où nos
coreligionnaires sont en minorité ?
Qui a soutenu les luttes de
l'Institut Canadien contre l'évêque de Montréal, au siècle
dernier ? Qui a entretenu, à Montréal, pour mener les campagnes
anticléricales, un journal sans cesse renaissant, sous différents
noms, depuis le sinistre
Pays condamné par l'autorité
religieuse ?
Qui a monté cet odieux complot, lors du Congrès
eucharistique international de Montréal, en 1910, pour attirer
prêtres et religieux dans un guet-apens ? (Ici, la preuve a été
faite en cours de justice contre la Loge L’Émancipation.)
Qui a
amorcé certains procès scandaleux de prêtres et de religieux, et
en a poussé la publicité, pour essayer de discréditer le clergé
et lui enlever son influence dans le pays ?
Qui cherche à
chambarder le système scolaire dans notre province, pour y instaurer
l'école laïque, c'est-à-dire athée et anticatholique,
comme on l'a fait en France depuis le siècle dernier ?
Qui veut
préparer les voies à un ministère de l'Instruction publique, afin
de soustraire nos écoles à l'influence des congrégations
religieuses et du clergé ?
Qui travaille, chez nous comme en
d'autres pays catholiques, à répandre le divorce, à émanciper la
femme, à taxer les communautés religieuses et les biens
ecclésiastiques ?
Qui a favorisé la propagande communiste,
révolutionnaire et athée, sous toutes ses formes ?
- On peut
répondre, sans crainte de se tromper, en montrant du doigt LA
FRANC-MAÇONNERIE, puissance occulte, mandataire de l'Esprit des
ténèbres, qui cherche à démolir notre Église canadiennes par ses
menées souterraines.
|
Monseigneur de Montréal subit les foudres de l'Institut Canadien de Montréal. Le dit Institut poursuivit Monseigneur en justice lors de l'Affaire Guibord, du nom d'un franc-maçon décédé en état d'excommunication. | |
|
|
EN FRANCE. - Dans ce pays, la secte
s'est crue assez puissante pour combattre visière levée, et se
glorifier de ses victoires sur l'Église française.
C'est la
Franc-Maçonnerie qui avait préparé et organisé la Révolution
sanguinaire qui a fait le malheur et le déshonneur de la France, au
XVIIIe siècle
[7].
C'est elle qui avait inspiré
cette Déclaration des Droits de l'Homme, qui s'est opposée
sataniquement aux Droits de Dieu, et qui fut la base sur laquelle on
édifia les lois antichrétiennes de la République
[8].
C'est
elle qui a cuisiné ces lois destinées à déchristianiser la
France: loi du divorce, loi de l'école laïque ou athée, loi de
persécution contre les congrégations religieuses, loi de séparation
de l'Église et de l'État, etc
[9].
C'est elle
qui a réduit en esclavage les fonctionnaires de l'État, la grande
majorité des instituteurs, et même une partie de l'armée français,
pour leur faire sacrifier les intérêts de la patrie à sa haine
anticléricale, et conduire la France au désastre que nous déplorons
actuellement.
C'est elle qui jusqu'en 1939, sous plusieurs
ministères successifs, a maintenu en position le frère .'. Jean
Zay, ministre de l'Éducation nationale, avec la mission avouée
d'écraser ce qui restait d'écoles libres et catholiques en France
[10].
Voilà un passé suffisamment chargé...
Et maintenant que la Troisième République s'est écroulée par la
faute de la Maçonnerie, nous ne serions pas surpris de voir la même
puissance occulte s'employer à discréditer l’œuvre du maréchal
Pétain, qui travaille héroïquement à reconstruire la France
chrétienne, et qui vient d'en bannir la secte maçonnique en août
1940.
EN ITALIE. - C'est la Franc-Maçonnerie qui, en 1870,
abattit le pouvoir temporel du Pape. Elle arracha au Souverain
Pontife Pie IX la royauté avec la liberté, et lui fit subir toutes
sortes d'affronts
[11].
- C'est elle qui favorisa
la propagande révolutionnaire en Italie, et qui conduisit ce pays à
la porte du communisme. Secouant l'esclavage de la secte maçonnique,
en 1924, le gouvernement fasciste décréta son interdiction.
AU
PORTUGAL. - C'est la Franc-Maçonnerie qui fit assassiner le roi
Carlos, et qui en seize années de révolutions sanglantes, mena ce
pays à la désorganisation et à la ruine. Le grand catholique
Salazar vient de relever sa patrie, dont il dirige le gouvernement
avec une sagesse admirable; les agences de presse, soumises à
l'influence maçonnique, font contre son œuvre la conspiration du
silence. Salazar a fait interdire la secte au Portugal en 1935
[12].
EN ESPAGNE. - C'est la Franc-Maçonnerie qui
est la première responsable du martyre de l'Espagne. C'est elle qui
a renversé la monarchie, qui a fait la révolution communiste, qui a
livré l'Espagne catholique aux mains sanguinaires de Staline
[13]. C'est encore elle qui a mis au service des Rouges
d'Espagne les agences de presse, la diplomatie internationale et
l'influence des gouvernements de France et d'Angleterre. Il a fallu
un véritable miracle pour donner la victoire au général Franco,
malgré cette ligue maçonnique qui cherchait à l'écraser. Voilà
pourquoi le gouvernement du général Franco vient de porter, en mars
1940, un décret qui interdit en Espagne la Maçonnerie et le
Communisme
[14].
AU MEXIQUE. - C'est la
Franc-Maçonnerie qui fut l'instigatrice de la sauvage persécution
qui a ravagé le Mexique durant vingt ans: depuis la Constitution
impie de 1917, jusqu'à la fin du gouvernement brutal du bandit
Callès. C'est elle qui a empêché le gouvernement des États-Unis
d'intervenir pour faire cesser les massacres des Mexicains, comme le
demandaient les requêtes des catholiques américains et en
particulier des Chevaliers de Colomb. En 1926, Callès ayant ajouté
à la Constitution antireligieuse des lois encore plus impies, les
Loges maçonniques lui décernent une médaille d'or
[15].
DANS
L'ÉQUATEUR. - C'est la Franc-Maçonnerie qui, en 1875, fit
assassiner Garcia Moreno, l'illustre chef d'État catholique, et qui
s'est acharnée, depuis, à ruiner l’œuvre patriotique et
religieuse qu'il avait accomplie dans la république de l'Équateur
[16].
Il y aurait beaucoup à dire sur les ravages
causés par les Loges maçonniques dans toutes les nations
catholiques de l'Amérique latine et en Autriche, en Allemagne, en
Belgique, en Hollande, etc.; mais l'espace nous fait défaut.
Ce
film documentaire que nous venons de dérouler présente déjà un
formidable réquisitoire contre la secte infâme, et pourtant
nous n'avons pris que le dessus du panier. Nous conseillons à nos
militants catholiques de se documenter en détail dans les ouvrages
classiques écrits sur ce sujet par Mgr Delassus, Mgr Jouin, Claudio
Jannet, Copin Albancelli, Gustave Bord, Louis Rambaud, B. Gaudeau,
Georges Goyau, Les RR. PP. Roure et du Passage, S.J., et, le plus
récent, Léon de Poncins.
Le jugement de
l'Église
En faisant abstraction des
faits qui stigmatisent la secte infâme, la condamnation de l'Église
devrait suffire pour éloigner tout bon catholique de la
Franc-Maçonnerie. Il faut faire connaître les lois très sévères
et les peines terribles que l'autorité suprême de l'Église a
portées contre elle, pour en donner l'horreur à tous ceux qui nous
entourent.
« Nombreuses sont les condamnations de la Maçonnerie
au cours des siècles, écrit le R.P. Louis C. de Léry, S.J. [17].
La première remonte a Clément XII, en 1738. Benoit XIV, à son
tour, la proscrit; puis Léon XII, Pie IX, Léon XIII, et enfin le
Code de droit canonique, qui excommunie ipso facto
(automatiquement) « ceux qui donnent leur nom à une secte
maçonnique » (canon 2335).
« Toutes les loges maçonniques sont
comprises dans la condamnation. On ne peut établir aucune
distinction entre loges anglaises, américaines, françaises ou
canadiennes de quelque langue que ce soit, ou entre quelque autre qui
existe...
« Il semble qu'après toutes ces condamnations, il n'y
ait pas lieu d.hésiter. Car l'Église ne fulmine ses censures qu'à
bon escient et après une étude sérieuse de la question. Elle
possède des moyens de se renseigner que n'ont pas les simples
fidèles.
« L'Église sait que la Maçonnerie professe
l'athéisme, le naturalisme ou un déisme des plus vagues. » Léon
XIII, dans son encyclique
Humanum genus, disait des
franc-maçons: « Ils ne s'en cachent plus, ils lèvent
audacieusement le bras contre Dieu, ils trament ouvertement et
publiquement la ruine de l'Église catholique, ils veulent à toute
force enlever au monde Jésus-Christ et ses bienfaits. »
Il faut
ajouter que la secte infâme a hérité de l'esprit de révolte de
Satan contre tout principe d'autorité; c'est pourquoi elle a semé
la révolution dans tant de pays.
L'Église condamne
justement la Maçonnerie comme une secte séditieuse « qui complote
contre l'Église ou les pouvoirs civils légitimes » (canon
2335).
Enfin, il faut avertir nos catholiques que
celui qui est inscrit dans la Franc-Maçonnerie ne peut recevoir les
sacrements, ni la sépulture chrétienne, à moins que, s'étant
dûment rétracté, il ne se soit réconcilié avec Dieu et avec
l'Église (canon 1240).
Conclusion
Connaissant la
Franc-Maçonnerie sous son vrai jour, comme l'ennemie jurée de
l'Église du Christ; considérant les condamnations et les peines
terribles que cette Église, notre Mère, a portées contre son
ennemie justement dénommée l'Église de Satan, y a-t-il un
catholique sincère qui ne soit prêt à tout sacrifier, une position
avantageuse, une fortune, un ami, et même sa propre vie, plutôt que
de trahir sa foi et de contribuer à accroître la puissance de la
secte diabolique ?
Que chacun travaille plutôt à démasquer les
Loges, à ruiner leur influence, à présenter partout la Maçonnerie
comme la grande responsable des malheurs du monde, comme la grande
criminelle qu'il faut bannir, interdire, traquer comme une bête
immonde et malfaisante, ainsi qu'on vient de le faire en plusieurs
pays catholiques. Qu'on éclaire les bonnes gens pour les dissuader
d'entrer dans la Maçonnerie, d'adhérer aux sociétés secrètes qui
collaborent avec elle (Odd Fellows, Knights of Pythias), ou
aux clubs neutres qui subissent plus ou moins l'influence maçonnique
(Y.M.C.A., Rotary Club [18]). C'est ainsi que la
Cité du Bien doit faire face à la Cité du Mal, que l'armée du
Christ doit se ranger en bataille devant l'armée de Satan. Porte de
l'enfer, la Franc-Maçonnerie ne saurait prévaloir contre notre
Église immortelle. Assise sur le roc de Pierre, celle-ci a brisé
tous les assauts de ses ennemis. Mais c'est à nous, militants
catholiques, de garder notre peuple fidèle à la sainte Église
romaine, fidèle au Pape, fidèle aux évêques, chefs de l'Église
militante. C'est à nous d'empêcher que la secte infâme ne vienne
semer les ruines dans notre chère patrie, baptisée dans le sang des
martyrs, comme elle l'a fait au Mexique, en Espagne, en France. Unis
à nos pasteurs, dociles à la voix du Souverain Pontife, armés de
la Croix, nous vaincrons et nous étendrons le règne du Christ sur
cette terre d'Amérique...
Que notre espérance s'exprime par la
devise qu'inscrivait Sixte-Quint sur l'obélisque qui s'élève
Ecce crux Domini ! Fugite,
partes adversae ! Vicit leo de tribu Juda ! Voici la croix du
Seigneur ! Ennemis du Christ, fuyez ! Le lion de Juda est vainqueur !
»
devant la basilique de Saint-Pierre, à Rome, sur l'emplacement des
jardins du persécuteur Néron: «
-Chanoine Georges
Panneton
[1] Cf.
« Les démolisseurs invisibles », par L.-P. Roy, et « Le cancer de
la France: la franc-maçonnerie », par Dom L. Crenier, O.S.B., dans
l'Action catholique de Québec, 20 juillet 1940; «
Soubresauts de la Bête », par Dom L. Crenier, O.S.B., dans le
Devoir de Montréal, 11 et 27 juillet 1940; « A propos du Conseil de
l'Instruction publique », par Champlain, dans le Devoir 11
juin 1940; « La maçonnerie et la loi des congrégations », par
Omer Héroux, dans le Devoir, 6 septembre 1940
[2]
Dans le numéro du 3 février 1927, p.365, la Semaine religieuse
de Québec donnait un tableau des forces de la Franc-Maçonnerie
dans les différents pays en 1926. Une statistique plus récente se
trouve dans le volume fortement documenté de Léon de Poncins, la
Dictature des puissances occultes: la Franc-Maçonnerie d'après des
documents secrets, chez Beauchesne, 1934. On y donne pour l'année
1930 (p.15): en France, plus de 50,000 maçons en 650 loges; en
Angleterre, 400,000 en 4,462 loges; en Europe, 741,735 maçons en
8,357 loges; en Amérique du Nord, 3,509,000 maçons en 18,000 loges;
dans tout l'univers 4,539,535 maçons en 29,518 loges.
[3]
« L'expérience du passé, écrit Léon de Poncins, permet
d'indiquer dans ses grandes lignes la marche qui est généralement
suivie (par la Franc-Maçonnerie) pour abattre un trop clairvoyant
adversaire. Si les faits ou documents publiés donnent prise à une
critique quelconque, ou ridiculise l'ouvrage purement et simplement.
Sinon, on l'empêche de parvenir à la connaissance du public, en
organisant autour de lui la conspiration du silence. Si malgré cela
l'ouvrage réussit à percer, alors on jette sur lui le discrédit en
s'attaquant personnellement à l'auteur, dont on discute
insidieusement la compétence ou la loyauté.
« Si l'affaire, par
son retentissement, devient vraiment grave, on va plus loin. Il
arrive alors parfois qu'une regrettable fatalité - maladie ou
accident - interrompe une activité dont rien ne faisait prévoir
jusque-là le brusque arrêt. » (La Dictature des puissances
occultes, p.2.)
[4] Qu'on se rappelle
l'affaire des Fiches du général André, qui a soulevé tant
d'indignation en France, au début du siècle.
« Au Canada, S.J.,
la maçonnerie s'est emparée de nombreux services d'utilité
publique, ou encore de certaines grandes organisations financières,
industrielles ou commerciales d'ordre privé. Elle y tient les
leviers de commande, elle en occupe toutes les avenues. Impossible
d'obtenir une position un peu reluisante dans ces administrations,
sans être frère .'. » (Sociétés séditieuses, secrètes,
tract édité au Messager Canadien, Montréal 1939)
[5]
« Au XVIIIe siècle, la glorieuse lignée des encyclopédistes a
trouvé dans nos temples un auditoire fervent qui était alors seul à
invoquer la radieuse devise encore inconnue de la foule: « Liberté,
Égalité, Fraternité. » La semence révolutionnaire a vite germé
dans ce milieu d'élite... Et quand s'est écroulée la Bastille, la
Franc-Maçonnerie a eu le suprême honneur de donner à l'humanité
la charte qu'elle avait élaborée avec amour. » (Discours au Grand
Orient de France, en 1904. Cf. La Dictature des puissances
occultes, par Léon de Poncins, p.77. Voir aussi p.165.)
[6]
Voir « La Franc-Maçonnerie anglo-saxonne », au même volume,
pp.201 et suiv.
[7] Avec preuves
documentaires à l'appui, Léon de Poncins écrit: « La F.M. a
maintenant plus de deux siècles d'existence, et au cours de cette
période tourmentée, elle a joué un rôle considérable dans les
grands bouleversements révolutionnaires... Sa grande œuvre restera
toujours la Révolution de 1789, à laquelle il faut en fin de compte
faire remonter toutes les révolutions contemporaines, y compris le
bolchevisme. Or, aujourd'hui, la F.M. reconnaît ouvertement la
Révolution française pour son œuvre. Les premières loges furent
installées en France de 1720 à 1730. Les philosophes avaient
élaboré une doctrine abstraite; la F.M., de 1773 à 1788, met ces
doctrines au point et en rend possible l'application pratique,
préparant ainsi la Révolution de 1789. » (Loco cit.,
p.75.)
[8] « Le 25 août 1789, la
Constituante, dont plus de 300 membres étaient Maçons, a
définitivement adopté, presque mot pour mot, tel qu'il avait été
longuement étudié en loge, le texte de l'immortelle déclaration
des Droits de l'Homme. » (Discours au Grand Orient de France, en
1904. Loco cit., p.77)
[9] « On peut
affirmer sans être téméraire que la plupart des lois que subissent
les Français ont été étudiées par la F.M. avant de paraître à
l'Officiel: par exemple les lois sur l'enseignement primaire, sur le
divorce, les lois militaires, la loi du service militaire pour les
séminaristes, etc. » (Loco cit., p.107.)
Voir aussi la
liste des lois, tirée du volume Retour offensif du paganisme
par le P.G. Combès, 1939, citée dans le Devoir du 6
septembre 1940, p.6
Depuis l'avènement d'Émile Loubet, en 1899,
le président de la France était franc-maçon, sauf une couple
d'exceptions. Onze des douce premiers ministres des cabinets français
qui succédèrent à celui de Loubet étaient aussi francs-maçons.
Le ministère français fut entièrement franc-maçon sous Émile
Combes, en 1904. (Nous donnons ce paragraphe sous toutes
réserves.)
[10] Cf. plusieurs articles de
Jean Guiraud, de la Croix de Paris, reproduits dans le
Devoir de Montréal, les 21 août 1937, 17 décembre 1938, 1er
avril et 10 juin 1939.
[11] Voir « La F.M.
en Italie », Léon de Poncins, loci cit., pp.129 et
suiv.
[12] Cf. Le Portugal renaît,
par Léon de Poncins, chez Beauchesne, 1936.
[13]
Cf. Histoire secrète de la Révolution espagnole, par Léon
de Poncins, chez Beauchesne, 1938. Nous y lisons ces mots tirés d'un
document maçonnique: « La Maçonnerie espagnole est entièrement,
totalement et absolument avec le Front Populaire, aux côtés du
gouvernement légal et contre le Fascisme. » (Page 124.) Et
ailleurs: « Il n'est pas possible de réaliser une révolution
politique plus parfaitement maçonnique que la révolution espagnole.
» (Page 24)
[14] Cf. Documentation
catholique, Paris, 20 mai 1940, col. 444. Dans le préambule de
sa « Loi sur la répression de la Franc-Maçonnerie et du
Communisme. » datée du 1er mars 1940, le général Franco fait une
charge terrible contre la F.M., la rendant responsable de tous les
malheurs qui ont fondu sur l'Espagne depuis un siècle.
[15]
Cf. Au Mexique rouge, par A. Dragon, S.J., 1936, passim;
et Pour le Christ-Roi, vie du R.P. Pro, S.J., du même auteur,
1928, pp.60 à 70. (Ed. L'Action Paroissiale, Montréal.)
[16]
Cf. Garcia Moreno, par le P.A. Berthe, Paris, 1887, pp. 713 et
suiv.
[17] Cf. Sociétés séditieuses,
secrètes, suspectes, tract du P. Louis C. de Léry, S.J., 1939,
p.6. ( Au Messager Canadien, Montréal.)
[18]
Cf. pour la Y.M.C.A., même tract, pp. 14 et 18; pour le
Rotary Club, Semaine religieuse de Québec, 1935, pp.732 et
suiv.; Discipline de Québec, 1937, n.1222 et suiv., «
Sociétés dangereuses ».